Ivan Argote

Si Ivan Argote fait taire les obélisques, enlève le rugissement des lions impériaux en jouant au ballon (ravivant leur instinct de chats amusants) ou réchauffe des statues espagnoles avec des ponchos péruviens fabriqués en Chine, c’est parce que de nos jours, des symboles de domination deviennent des décorations de ronds-points, les abatteuses de monuments doivent changer leurs méthodes. Argote parcourt le monde à la recherche des derniers signes du pouvoir déchu, étudie les manifestations indirectes du contrôle, observe les conventions qui permettent à une vision de l’histoire d’être acceptée comme version officielle.

Sémioticien paranoïaque dans un chapeau de seau, nous l’imaginons allant des sites gréco-romains aux mégalopoles occidentales ou aux plaines colombiennes et trouvant trop de coïncidences pour ne pas indiquer un complot séculaire. Partout où il va, il est frappé par ces absurdités inscrites dans le paysage et tolérées par simple habitude ou amnésie, comme ce train à charbon traversant à jamais le centre d’un village d’Amérique du Sud, assez inconscient du secteur énergétique mondial. Le dialogue est déjà écrit: un jour, tout changera, il vous frappera comme une tonne de briques, mais ne vous inquiétez pas, «nous avons de nouvelles méthodes».